Utilisation de données probantes pour axer les activités de dépistage sur les personnes à qui elles profiteront le plus

Explorez l’établissement de l’ordre de priorité des participants selon le risque auquel ils sont exposés pour les activités de dépistage et de suivi

Il convient d’étudier le dépistage fondé sur les risques afin d’optimiser son incidence par rapport aux capacités disponibles.

Il est important que les approches fondées sur les risques pour établir la priorité des services de dépistage tiennent compte des éléments suivants :

  • Le dépistage fondé sur les risques doit être basé sur l’avantage net probable du dépistage, et non sur le risque de contracter la COVID‑19 ou de complications liées à la maladie.
  • Le dépistage fondé sur les risques doit être équitable et ne pas exclure des groupes sur la base de facteurs de risque variables.
  • Les avantages du dépistage doivent être définis et se rapporter à des résultats cliniques ou sanitaires importants.
  • L’estimation du bénéfice doit reposer sur une base probante étayée par des ouvrages scientifiques et des renseignements sur la santé appropriés.
  • Le processus d’estimation des bénéfices doit être documenté et disponible pour une inspection professionnelle et publique.

Recommandation n° 1 : Mettre à profit le triage à l’aide du test fécal immunochimique (TFi) en vue d’améliorer l’accès à la coloscopie.

Principales données probantes et considérations relatives à la mise en œuvre

  • Une étude britannique récente a montré que le triage à l’aide du TFi (à 10 et 150 mg d’Hb/g) des patients symptomatiques urgents en soins primaires pourrait simplifier l’accès à la coloscopie diagnostique et réduire les délais pour les cas de cancer colorectal réellement positifs. L’utilisation de telles stratégies peut être bénéfique lors du rationnement à court terme des services d’endoscopie.
  • La modification temporaire des critères de résultats du dépistage pour l’orientation vers une évaluation diagnostique aura pour conséquence que les sujets ne seront plus aiguillés : leur futur dépistage doit être clairement décrit tant pour le personnel que pour le participant au dépistage.
  • Des données détaillées sur les résultats des sujets doivent être recueillies, conservées, analysées et communiquées (p. ex., la période de temps qui s’écoule avant que les personnes ayant obtenu un résultat positif au TFi à faible valeur passent une coloscopie).
  • Les écarts inévitables dans la prestation doivent être considérés comme des possibilités d’amélioration des connaissances et non comme des obstacles au changement.

Recommandation n° 2 : Mettre en œuvre une gestion fondée sur les risques pour les personnes aiguillées vers une mammographie diagnostique, une colposcopie et une coloscopie.

Principales données probantes et considérations relatives à la mise en œuvre

  • Les données probantes internationales suggèrent que la demande de coloscopie devrait être priorisée en classant les participants selon le risque individuel de cancer colorectal et l’urgence médicale.
  • L’Association canadienne de gastroentérologie recommande que les examens endoscopiques soient classés par ordre de priorité selon les niveaux suivants (PDF en anglais seulement) : doit toujours être effectué; devrait être effectué; pourrait être effectué; devrait être différé. Par exemple, pour les personnes présentant un risque élevé de cancer du côlon d’après l’imagerie, l’examen physique ou les symptômes, l’examen devrait être effectué.
  • Santé Ontario a recommandé que l’endoscopie gastro-intestinale (GI) soit priorisée en fonction du risque de conséquences graves pour la morbidité ou la mortalité, mais qu’elle puisse être pratiquée dans des cas précis pour le dépistage chez les personnes présentant un risque accru de cancer GI. Cependant, l’endoscopie GI pour les participants pouvant se soumettre à un dépistage du cancer colorectal avec le TFi au lieu d’une coloscopie, pendant ou après la pandémie, n’est pas recommandée.
    • Une modélisation récente qui a permis d’estimer l’arriéré et le rétablissement du service de dépistage en Ontario a montré que la réduction au minimum du recours à la coloscopie pour la surveillance du cancer colorectal et le fait de privilégier le TFi comme examen de dépistage peuvent réduire le temps nécessaire pour résorber les arriérés de dépistage.
  • BC Cancer recommande que les patients présentant des symptômes importants soient aiguillés vers une coloscopie et que toutes les patientes pour lesquelles une colposcopie a été recommandée soient aiguillées.
  • Les directives de l’Ontario recommandent l’utilisation d’une gestion fondée sur les risques pour les personnes aiguillées vers la colposcopie afin de maximiser la capacité et de minimiser les risques pour les patientes et le personnel. Un cadre de classement des priorités fournit une orientation à la communauté des services de colposcopie en Ontario pour la priorisation des services de colposcopie pendant la COVID-19.
  • L’Ontario encourage à donner la priorité aux personnes qui obtiennent un résultat de dépistage anormal ainsi qu’à celles qui participent au programme de dépistage du cancer du sein par mammographie et sont classées dans la catégorie de risque élevé par rapport à celles se situant dans la catégorie de risque moyen. De même, l’IRM du sein est prioritaire pour les personnes obtenant un résultat de dépistage anormal.
    • Une modélisation récente qui a estimé l’arriéré et le rétablissement du service de dépistage en Ontario a montré que la priorisation des mammographies de dépistage pourrait faciliter l’élimination des arriérés dans ce domaine, en particulier pour les groupes à haut risque (dépistage à haut risque, dépistage initial, dépistage annuel/une fois par an).
  • Dans le cadre du projet pilote de dépistage du cancer du poumon de Santé Ontario (Action Cancer Ontario), le dépistage a été interrompu en mars 2020 dans ses quatre principaux centres de dépistage et, avec le recul de la pandémie de COVID-19, le dépistage a repris en juillet 2020. Des recommandations ont été faites aux centres pour qu’ils donnent la priorité au dépistage en commençant par ceux dont les classifications Lung-RADS précédentes étaient anormales et par ceux qui avaient les scores de risque PLCOm2012 les plus élevés. Il existe des données probantes à l’appui de cette recommandation. Les personnes ayant obtenu un résultat négatif au dépistage avant 2009 sur le site du Princess Margaret Cancer Centre de Toronto du réseau de l’International Early Lung Cancer Action Program (IELCAP) ont été rappelées pour un dépistage entre 2015 et 2018, en commençant par les personnes présentant les scores de risque PLCOm2012 les plus élevés, par ordre décroissant.

Recommandation n° 3 : Élaborer un processus centralisé de prise en charge des aiguillages (p. ex., des points d’entrée coordonnés pour la réception des aiguillages).

Principales données probantes et considérations relatives à la mise en œuvre

  • La mise en place d’un processus centralisé de prise en charge des demandes d’aiguillage peut :
    • Soutenir la priorisation éthique des patients au niveau hospitalier et régional; le cas échéant, consulter un bioéthicien;
    • Faciliter l’utilisation de critères de triage des aiguillages convenus et fondés sur des données probantes;
    • Réduire les délais d’attente pour les personnes qui ont besoin d’une endoscopie GI.
  • Les orientations des programmes pour les services de diagnostic tels que la coloscopie peuvent minimiser les aiguillages en double (c’est-à-dire les demandes d’aiguillage qui peuvent avoir été envoyées à plus d’un établissement ou endoscopiste pour la même indication).

Plus d’info

Pour obtenir de plus amples renseignements ainsi que la liste des références, téléchargez le document d’orientation intitulé Gestion des services de dépistage du cancer pendant la pandémie de COVID-19 et mise en place de services de dépistage résilients, plus sûrs et équitables.