La voie du rétablissement : le cancer à l’ère de la COVID-19

Retards dans le dépistage et le diagnostic

De nombreux services de dépistage ont fonctionné avec une capacité réduite pendant les premières vagues de la pandémie – dans certains territoires de compétence, jusqu’à 40 % de tests en moins ont été effectués en 2020 par rapport à 2019 – ce qui signifie que les gens n’ont pas bénéficié d’un dépistage pour certains types de cancer aussi souvent ou selon le même schéma qu’avant la COVID-191,2. Bien que les services de dépistage soient revenus aux niveaux prépandémiques en 2021, les répercussions de ces retards initiaux seront durables.

Certaines populations ont été plus touchées que d’autres par les retards dans le dépistage et le diagnostic. Par exemple, les Ontariens vivant dans des quartiers à faible revenu peuvent être plus susceptibles de voir leur diagnostic retardé à la suite d’un test de dépistage anormal du cancer du sein ou du cancer colorectal1. De plus, les Premières Nations vivant dans une réserve en Ontario peuvent être plus susceptibles de voir leur diagnostic retardé à la suite d’un test de dépistage anormal. Cela signifie que leur cancer sera diagnostiqué à un stade plus avancé, lorsque les chances de guérison et de survie sont plus faibles1.

Les prestataires de soins primaires peuvent jouer un rôle essentiel dans le dépistage précoce de nouveaux cas potentiels de cancer, mais les restrictions et les réductions de services liées à la pandémie ont rendu plus difficile pour de nombreuses personnes de consulter en personne des prestataires de soins primaires, de diagnostic ou de consultation spécialisée. L’activité des médecins était bien en deçà des niveaux prépandémiques tout au long de l’année 2020, ce qui peut avoir entraîné une diminution du nombre de cancers diagnostiqués à un stade précoce3.

Le Canada est en retard sur le plan international dans certains domaines

Des études menées par l’International Cancer Benchmarking Partnership (ICBP) ont montré que même si, dans l’ensemble, le Canada a un taux de survie au cancer élevé par rapport aux pays à revenu élevé similaires, il accuse un retard pour certains cancers, comme le cancer de l’œsophage et de l’ovaire4. De plus, les améliorations de la survie au cours des dernières années n’ont pas été aussi prononcées que celles des pays pairs, ce qui signifie que la position relative du Canada est peut-être en train de se dégrader.

Les écarts en matière de survie s’expliquent en grande partie par les limites de la capacité de traitement du cancer. Des études récentes de l’ICBP ont révélé que le Canada se classe en dessous des pays pairs en ce qui concerne l’accès à des outils diagnostiques clés comme les appareils de TEP-TDM5. En 2017, le Canada comptait 0,13 appareil de TEP-TDM pour 100 000 habitants, ce qui est inférieur à l’Australie, au Danemark, à l’Irlande et à la Norvège. (Le nombre d’appareils signalés varie de 0,04 pour 100 000 au Pays de Galles à 0,66 pour 100 000 au Danemark.)

 

  • Médecins praticiens : Le Canada se situe en dessous de la moyenne de l’OCDE en ce qui concerne le ratio de médecins en exercice pour 1 000 personnes6.
  • Temps d’attente : Le Canada est le pays où les temps d’attente sont les plus longs parmi les 11 pays à haut revenu étudiés, 30 % des patients attendant 2 mois ou plus pour obtenir un rendez-vous chez un spécialiste7.
  • Appareils d’IRM/de TDM : Le Canada ne compte que 15 tomodensitomètres par million d’habitants, par rapport à 42 par million aux États-Unis et 70 par million en Australie6.

D’autres défis contribuant aux écarts de survie concernent les voies d’accès au diagnostic. Une étude récente a révélé que 28 % des personnes au Canada reçoivent un diagnostic de cancer lors d’une admission d’urgence à l’hôpital, ce qui est associé à de moins bons résultats et à une probabilité de survie plus faible. Bien que le Canada ait le troisième pourcentage le plus faible des neuf pays participant à l’étude – qui varie de 24 à 43 % des personnes recevant un diagnostic lors d’une admission à l’urgence – des améliorations doivent manifestement être apportées dans ce domaine8.

Des recherches sont en cours pour mettre en contexte les différences en ce qui concerne la survie au cancer dans les pays à revenu élevé et pour explorer les moyens de combler ces écarts dans le contexte canadien.

  1. Walker M. J., Meggetto O., Gao J., Espino-Hernandez G., Jembere N., Bravo C. A. et coll. (2021). Measuring the impact of the COVID-19 pandemic on organized cancer screening and diagnostic follow-up care in Ontario, Canada: A provincial, population-based study. Prev Med, 151, article 106586.
  2. Soumission des données provinciales : Équipe de dépistage du Nouveau-Brunswick.
  3. Institut canadien d’information sur la santé. (2021). Incidence de la COVID-19 sur les services des médecins. Disponible à l’adresse : https://www.cihi.ca/fr/ressources-sur-la-covid-19/lincidence-de-la-covid-19-sur-les-systemes-de-sante-du-canada/services-des-medecins.
  4. Arnold M., Rutherford M. J., Bardot A., Ferlay J., Andersson T. M., Myklebust T. A. et coll. (2019). Progress in cancer survival, mortality, and incidence in seven high-income countries 1995-2014 (ICBP SURVMARK-2): A population-based study. Lancet Oncol, 20(11), 1493-1505.
  5. Lynch C., Reguilon I., Langer D. L., Lane D., De P., Wong W.-L. et coll. (2021). A comparative analysis: international variation in PET-CT service provision in oncology-an International Cancer Benchmarking Partnership study. Int J Qual Health Care, 33(1), mzaa166.
  6. Organisation de coopération et de développement économiques. (2013). Cancer care: Assuring quality to improve survival. Éditions de l’OCDE. Disponible à l’adresse (en anglais seulement) : https://data.oecd.org/healtheqt/computed-tomography-ct-scanners.htm
  7. Fonds du Commonwealth. (2016) 2016 Commonwealth Fund International Health Policy Survey of Adults. Disponible à l’adresse (en anglais seulement) : https://www.commonwealthfund.org/publications/surveys/2016/nov/2016-commonwealth-fund-international-health-policy-survey-adults.
  8. McPhail S., Swann R., Johnson S. A., Barclay M. E., Elkader H. A., Alvi R. et coll. (2022, 6 avril). Risk factors and prognostic implications of diagnosis of cancer within 30 days after an emergency hospital admission (emergency presentation): An International Cancer Benchmarking Partnership (ICBP) population-based study. Lancet Oncol. Disponible à l’adresse (en anglais seulement) : https://doi.org/10.1016/S1470-2045(22)00127-9.